Les Anges de la Télé Réalité : vrai divertissement ou télé poubelle ?

Voici venue l’occasion d’encore me faire quelques ennemis, mais qu’importe. J’ai l’habitude que mes prises de position ne plaisent pas forcément, et c’est tant mieux d’ailleurs.

Cette année j’ai une raison toute particulière de visionner Les Anges de la Télé Réalité 10 : la jolie Sarah Van Elst devenue au fil du temps une amie.

En général, je ne suis pas fan des émissions de télé réalité mais je ne vais pas vous mentir, il m’est arrivé de regarder Secret Story, Koh Lanta ou de zapper sur les Anges et de finalement rester collée jusqu’à la fin de l’épisode. Existe-t-il d’ailleurs une seule personne francophone n’ayant pas entendu parler de Nabilla et de son shampoing ? Face à l’ampleur du phénomène, j’ai même été sur google pour comprendre cette fameuse histoire de cheveux !

Me voilà donc scotchée devant l’ordinateur (oui, mauvaise zone géographique, pas moyen d’avoir NRJ12 via la télévision).

Je décide de regarder sans aucun a priori (promis, juré). On ne sait jamais, je vais peut-être avoir une belle surprise après tout.  C’est donc ouverte à tout débat que débute l’émission.

10 secondes plus tard : Oh noooon, Amélie, cette horripilante belge, fait partie du groupe. Décidement, ils n’arriveront jamais à s’en débarrasser de celle-là.

Les premières images donnent le ton : un seul candidat reconnaît la photographie de Einstein au mur (d’ailleurs quelle sarcastique et géniale idée de placer son portrait au mur).  Ceci dit, à leur décharge, la plupart des candidats n’ont pas été sélectionnés sur base de leur culture mais plutôt pour leur plastique (irréprochable by the way) et leur langage plutôt « fleuri ».

« Ch’suis à Elle Laie » (LA pour ceux qui n’avaient pas fait le lien) devient vite la phrase culte. Belles promesses pour la suite. Arrivé au numéro 4, au secours, il est temps que j’arrête !

De la chanteuse Sarah, il est très peu question sauf pour entendre les candidats parler dans son dos. Elle a même carrément été absente de plusieurs épisodes.  Et quand elle est enfin à l’écran, c’est pour une confrontation. Manipulation du public ? Parti pris ? Mise à l’écart ? Choix délibéré de sa part ? Bon, ok, devoir supporter le QI de poisson rouge (ou de poison) de certains candidats ne doit pas toujours être facile.

J’ai attendu de voir la suite et je n’ai pas été déçue. 1.000 commérages et 1 épisode plus tard, Sarah s’en prend encore plein la tête face à une belle brochette d’hypocrites.

D’abord, l’histoire du bain. Être en maillot dans une baignoire ronde de la taille d’un jacuzzi extérieur semble choquer des candidats pourtant très habitués à ne rien cacher de leur intimité devant les caméras. Bon, je ne comprends pas trop, mais soit!

On nous sert à chaque épisode une ambiance bon enfant sur fond de médisances soigneusement orchestrées par NRJ12 et ça, on le sent très fort. Remi se rêve en Casanova, Shanna veut atteindre le sommet, Adrien affiche une intelligence inversement proportionnelle à ses muscles…

Quels étranges comportements ont parfois ces candidats. Et que dire des spectateurs d’ailleurs ? Quel genre êtes-vous (quel genre suis-je) ? Celui qui assume son amour pour ce genre d’émission ? Celui qui ne rate pas un épisode et qui trouve comme bonne excuse « Je regarde juste pour voir à quel point c’est bête ».  Passez-vous vos soirées à vous moquer de la stupidité aberrante des participants pour finalement enregistrer tous les épisodes en cachette ? N’aimez-vous réellement pas les Anges ou le faites-vous juste croire ?

Et dire que certains pensent que l’ultime réussite est de devenir pseudo mannequin au Mexique, apprenti vendeur d’hamburgers, ou champion de lutte dans les bars de Los Angeles. Imaginez un instant notre monde avec pour seuls mentors Amélie ou Sarah Martins. Un monde où le seul désir serait de devenir connu et reconnu avant d’ensuite inexorablement redevenir une personne lambda. Un sort bien pire puisque désormais une étiquette « télé réalité » est collée sur le front.

En 2015, le site Topito a parodié une campagne publicitaire initialement destinée à mettre en garde contre le recrutement de jihadistes et a expliqué les méthodes de recrutement. Cette campagne a été détournée et est devenue  #stopalatelerealité. Elle énumère les vérités que tous les futurs candidats de télé réalité doivent savoir. « Ils te disent : tu vas devenir célèbre et riche. On va faire de toi une star » …  « mais en réalité tu finiras chroniqueur TV avant de tomber dans l’oubli ».

En conclusion :
Chacun son choix et si cela apporte à ces candidats un peu de cette notoriété dont ils sont en manque, alors pourquoi pas.
Si cela leur permet d’accéder plus vite à une carrière sans passer par la case galère, alors je dis oui.
Si, malgré leur talent, ils ne parviennent pas à se mettre en valeur, et que ces émissions y arrivent, alors je suis pour.
Pourtant, 90 % d’entre eux n’ont aucun talent et les 10% restants passent pour des extraterrestres aux yeux des autres et seront mis à l’écart du groupe.

J’espère Sarah que cela en vaudra la peine et que tu auras l’occasion de rencontrer les professionnels que tu es venue voir. J’espère que tu pourras enfin faire découvrir à tous ton talent.

Pour ma part, j’en ai assez de la caméra bloquée sur les oiseaux qui ont volé la nourriture de Amélie, assez des interminables et insipides minutes filmées chez le barbier, des éternelles fautes de français à chaque phrase (et que dire de l’anglais que peu maîtrisent ?).

J’abandonne, c’est trop pour moi, j’espère que tu me raconteras la suite de tes rendez-vous professionnels en vrai !

Text Morgan Mc Kenzie – photographie Mélanie Boucheny