Les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques : où en est-on ?

Les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques sont une pratique controversée, qui soulève des questions éthiques, scientifiques et juridiques. Selon l’organisation PETA, plus de 100 millions d’animaux sont utilisés chaque année dans le monde pour des expériences, dont une partie pour tester des produits de beauté ou leurs ingrédients. Ces tests peuvent causer aux animaux des souffrances, des blessures et la mort, sans garantir la sécurité ou l’efficacité des produits pour les humains.

Heureusement, il existe des alternatives aux tests sur les animaux, qui sont plus fiables, plus rapides et moins coûteuses. Il s’agit notamment de méthodes in vitro, qui utilisent des cellules humaines ou des tissus artificiels, ou de modèles informatiques, qui simulent les réactions du corps humain. Ces méthodes permettent de réduire le recours aux animaux et de protéger leur bien-être.

De plus en plus de pays ont adopté des législations qui interdisent ou limitent les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques. C’est le cas notamment de l’Union européenne, qui a banni en 2013 les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques finis et leurs ingrédients, ainsi que la vente de produits testés sur les animaux dans d’autres pays. D’autres pays comme l’Inde, Israël, la Norvège ou la Nouvelle-Zélande ont suivi cet exemple et mis en place des interdictions similaires.

Par ailleurs, de nombreuses marques cosmétiques se sont engagées à ne pas tester leurs produits ou leurs ingrédients sur les animaux, ni à vendre leurs produits dans les pays où les tests sur les animaux sont obligatoires. Ces marques sont certifiées par des organismes indépendants comme PETA, Leaping Bunny ou Choose Cruelty Free, qui vérifient régulièrement leur conformité aux critères du label cruelty-free (sans cruauté). 

La Chine : un marché à part

La Chine est le deuxième marché mondial pour les produits cosmétiques, avec une valeur estimée à 62 milliards de dollars en 2020. Cependant, c’est aussi un pays où les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques sont encore largement pratiqués et exigés par les autorités sanitaires. En effet, jusqu’à récemment, tous les produits cosmétiques importés en Chine devaient obligatoirement subir des tests sur les animaux avant d’être commercialisés dans le pays. De même, certains produits cosmétiques fabriqués en Chine devaient également être testés sur les animaux s’ils étaient considérés comme “spéciaux” ou “à usage spécial”, c’est-à-dire qu’ils faisaient des allégations fonctionnelles comme le blanchiment de la peau, la protection solaire ou la prévention de la chute des cheveux.

Ces exigences ont posé un dilemme aux marques cosmétiques qui souhaitaient accéder au marché chinois tout en respectant leur engagement cruelty-free. Certaines marques ont choisi de renoncer au marché chinois et de ne pas vendre leurs produits dans le pays. D’autres marques ont accepté de payer pour que leurs produits soient testés sur les animaux par des laboratoires agréés par le gouvernement chinois. Certaines marques ont également profité d’une faille juridique qui permettait de vendre des produits cosmétiques en Chine sans avoir à les tester sur les animaux : il s’agit de la vente en ligne transfrontalière. Ce mode de vente permet aux consommateurs chinois d’acheter des produits cosmétiques étrangers via des plateformes en ligne autorisées, sans que ces produits soient considérés comme importés. Ainsi, ils ne sont pas soumis aux mêmes exigences réglementaires que les produits vendus dans les magasins physiques en Chine.

Les progrès récents et encourageants de la Chine

Face à la pression internationale et aux demandes des consommateurs chinois, de plus en plus sensibles au bien-être animal, le gouvernement chinois a commencé à assouplir ses exigences en matière de tests sur les animaux pour les produits cosmétiques. Depuis 2014, les tests sur les animaux ne sont plus obligatoires pour certains produits cosmétiques fabriqués et vendus en Chine, comme les shampoings, les gels douche ou le maquillage. Depuis 2019, les autorités chinoises acceptent également que certaines marques locales utilisent des méthodes alternatives aux tests sur les animaux pour évaluer la sécurité de leurs produits.

La plus grande avancée a eu lieu en 2021, lorsque le gouvernement chinois a annoncé qu’il n’exigerait plus que les produits cosmétiques “ordinaires” ou “non spéciaux” importés en Chine soient testés sur les animaux pour pouvoir être commercialisés dans le pays. Il s’agit des produits comme les shampoings, les gels douche, les lotions ou le maquillage. Ces produits peuvent être exemptés de tests sur les animaux s’ils disposent d’un certificat de bonnes pratiques de fabrication ou d’un certificat de système de management de la qualité délivré par le gouvernement du pays d’origine, ainsi que d’un rapport d’évaluation de la sécurité. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er mai 2021 et devrait épargner la vie d’innombrables animaux.

Cependant, cette mesure ne signifie pas encore la fin de tous les tests sur les animaux en Chine. Les produits cosmétiques “spéciaux” ou “à usage spécial”, qui font des allégations fonctionnelles, ainsi que les produits pour enfants, sont toujours soumis à l’obligation de tests sur les animaux pour être importés et vendus en Chine. De plus, les entreprises qui ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier de l’exemption doivent toujours payer pour que leurs produits soient testés sur les animaux par des laboratoires chinois. En outre, tous les produits cosmétiques vendus en Chine sont susceptibles de subir des tests sur les animaux après leur mise sur le marché, en cas de plainte des consommateurs ou de suspicion des autorités.

Quels animaux sont utilisés pour les tests cosmétiques ?

Les animaux qui sont utilisés pour tester les produits cosmétiques sont principalement des rongeurs et des lapins, qui sont élevés dans des installations secrètes et soumis à des expériences douloureuses et mortelles.

Les souris sont souvent utilisées pour tester la toxicité des produits ou des ingrédients cosmétiques, en leur injectant des doses élevées par voie orale, intraveineuse ou cutanée. Elles peuvent également subir des tests de sensibilisation cutanée, qui consistent à leur appliquer une substance sur la peau rasée et à observer si elles développent une réaction allergique.

Les rats peuvent aussi subir des tests de cancérogénicité, qui consistent à leur faire ingérer ou inhaler une substance pendant une longue période et à examiner si elle provoque l’apparition de tumeurs.

Les hamsters sont utilisés pour tester l’irritation oculaire des produits ou des ingrédients cosmétiques, en leur instillant une goutte de la substance dans l’oeil et en observant si elle provoque des rougeurs, des gonflements ou des ulcères.

Les lapins et les hamsters sont utilisés pour tester l’irritation cutanée et oculaire des produits ou des ingrédients cosmétiques, en leur appliquant une dose concentrée de la substance sur la peau rasée ou dans l’oeil et en observant si elle provoque des brûlures, des rougeurs, des ulcères, des cloques ou des perforations. Les lapins sont souvent choisis pour ces tests car ils ne sécrètent pas de larmes et ne peuvent donc pas expulser le produit de leur oeil.

Ces tests sur les animaux sont non seulement cruels, mais aussi inutiles et inefficaces, car ils ne garantissent pas la sécurité ou l’efficacité des produits pour les humains.

Quelles sont les alternatives ?

Les alternatives aux tests sur les animaux pour les produits cosmétiques sont des méthodes qui ne font pas appel aux animaux, mais qui utilisent des systèmes non animaux, comme des cellules humaines, des tissus artificiels ou des modèles informatiques. Ces méthodes sont souvent plus fiables, plus rapides et moins coûteuses que les tests sur les animaux.

Les tests in vitro sont des tests qui utilisent des cellules humaines ou des tissus reconstitués en laboratoire. Ces tests permettent de simuler les réactions de la peau ou des yeux humains face à un produit ou à un ingrédient cosmétique. Par exemple, il existe des modèles de peau ou d’oeil humain qui peuvent être utilisés pour remplacer les tests d’irritation cutanée ou oculaire sur les lapins.

Les tests in silico sont des tests qui utilisent des modèles informatiques ou des bases de données pour prédire la toxicité ou l’efficacité d’un produit ou d’un ingrédient cosmétique. Ces tests permettent de réduire le recours aux animaux et de gagner du temps et de l’argent. Par exemple, il existe des logiciels qui peuvent simuler les réactions du corps humain face à une substance, en se basant sur sa structure chimique ou sur des données existantes.

Les tests sur les volontaires humains sont des tests qui font appel à des personnes consentantes qui acceptent d’essayer un produit ou un ingrédient cosmétique sur une partie de leur corps. Ces tests permettent d’évaluer la sécurité et l’efficacité du produit pour les humains, sans impliquer d’animaux. Par exemple, il existe des tests de tolérance cutanée ou oculaire qui consistent à appliquer une petite quantité du produit sur la peau ou dans l’oeil du volontaire et à observer s’il y a une réaction indésirable.

Conclusion

Les tests sur les animaux pour les produits cosmétiques sont une pratique cruelle et inutile, qui peut être remplacée par des méthodes alternatives plus fiables et plus éthiques. De nombreux pays et marques cosmétiques ont pris conscience de ce problème et ont adopté des législations ou des engagements qui interdisent ou limitent ces tests. La Chine, qui est un marché important mais aussi un pays où les tests sur les animaux sont encore largement pratiqués, a récemment fait des progrès significatifs pour assouplir ses exigences en la matière. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour mettre fin définitivement aux tests sur les animaux pour les produits cosmétiques en Chine et dans le monde.