Trump s’attaque à deux monuments nationaux au Utah

Et pourtant j’avais laissé à Donald Trump le bénéfice du doute, dénonçant même le lynchage médiatique dont il avait fait l’objet durant sa campagne.

Cette fois je n’ai pas souhaité trouver de justifications quand le Président des Etats-Unis a annoncé son intention de drastiquement réduire la surface de deux monuments nationaux situés au Utah.

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Quel cauchemar pour les amérindiens et les amoureux de l’ouest américain comme moi. Les zones dont Trump veut s’emparer se situent loin de tout, à quelques centaines de miles de Page Lake Powell et de Monument Valley.  Etrange pour nous européens de se dire que le président Obama avait annoncé la protection de ce territoire et qu’en un seul clin d’oeil son successeur en a fait un appât de gain.

Le Parc de Bear Ears se trouve en plein territoire Navajo. “La Chevauchée Fantastique” avec John Wayne et “Le Massacre de Fort Apache” furent tournés au milieu de ces magnifiques paysages.

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129 monuments et 59 parcs nationaux peuplent le sol américain, les parcs  sont actuellement un peu mieux protégés que les monuments.

Les mots du président sonnent comme une menace lorsqu’il parle de sa décision unilatérale de réduire de 85 % de cette zone protégée de 6.000 kilomètres carrés. « Il y a des gens qui croient que les ressources naturelles devraient être contrôlées par une poignée de bureaucrates distants à Washington. Eh bien devinez quoi ? Ils ont tort. Les familles et les communautés de l’Utah sont celles qui connaissent et aiment le mieux leur terre, et vous savez mieux comment prendre soin de cette terre ».

Un deuxième parc dans l’Utah sera partagé en deux : Grand Staircase Escalante protégé lui aussi par Bill Clinton en 1996.

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Que se passe-t-il dans la tête d’un président américain quand il annule la décision d’un autre président accordant aux Nations indiennes, les Navajo, Hopi, Pueblo, et Ute la protection complète de leur territoire? Déjà à l’époque, la prise de position de Obama avait été fortement critiquée par les opposants rêvant de pouvoir exploiter les terres à des fins commerciales. C’est donc chose faite grâce à l’homme à la tête de la plus grande puissance du monde.

Imaginez les ressources des territoires indiens et les dollars que pourraient engranger ceux qui les exploitent. Les associations de défense de l’environnement se sont mobilisées scandant que le pas suivant de Donald Trump serait sans doute de mettre la main sur le Grand Canyon.

Ce n’est certes pas la première fois qu’un président réduit la taille d’un parc national : Woodrow Wilson en 1915 avait diminué de moitié la taille du parc du mont Olympe près de Seattle à cause des exploitants forestiers réclamant plus d’espace. Franklin Roosevelt avait enlevé en 1940 près de 300 kilomètres carrés à la taille du Parc National du Grand Canyon pour satisfaire les éleveurs.

Ce qui est totalement nouveau, c’est que la décision du président Trump va probablement déboucher sur une bataille juridique afin de déterminer si l’Antiquities Act crée par Theodore Roosevelt, qui permet au président la protection des sites d’intérêt scientifique et historique, donne aussi le pouvoir d’ensuite faire marche arrière. Aucune décision présidentielle de ce genre n’avait été remise en question.  Si Donald Trump devait perdre, cela pourrait aussi rendre immuable les frontières de ces zones.

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Russell Begaye, président de la Nation Navajo, a déclaré au New York Times que le gouvernement avait déjà pris des millions d’hectares à son peuple et que les populations amérindiennes ne se laisseront pas faire.

Rappelons que les amérindiens vivent dans la pauvreté totale et souffent du confinement dans lequel on les a mis. Le taux de chômage avoisine les 80% pour les cheyennes.

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Manuelito – Chef Navajo

Prenons quelques minutes pour expliquer le déroulement du vol des terres amérindiennes. Un jugement de la cour suprême des Etats-Unis en 1823 sur l’affaire Johnson contre McIntosh, a établi la loi sur la propriété aux Etats-Unis.
Cette loi a confirmé l’impossibilité pour les peuples autochtones de posséder la terre sur laquelle ils sont nés et dont ils sont les descendants directs.

Durant la conquête de l’Ouest, le gouvernement des Etats-Unis a poursuivi une politique expansionniste et devait en théorie protéger les natifs, mais en réalité il a poussé des tribus à l’exil et a tardé à élucider les meurtres d’amérindiens.
Certains États ont sévèrement opprimé la population indienne en organisant le nettoyage ethnique et déclenchant des guerres perdues d’avance pour les tribus autochtones. Un véritable acte de génocide a eu lieu. Le degré de haine et de violence gratuite fut encore augmenté par la ruée vers l’or et la cupidité.
Au delà de la réduction constante des terres amérindiennes, ne doit on pas se poser la question de la surpopulation et de l’extension de l’homme au sein de déserts ?

Si la cause des indiens vous tient à coeur, jetez un coup d’oeil sur le site de la coalition de Bear Ears et n’hésitez pas à signer la pétition en ligne.

Envie de voir la beauté des lieux ? C’est ici !