Le tourisme de l’extrême : pourquoi les ultra-riches veulent aller sous l’eau et dans l’espace?

Le tourisme de l’extrême est en vogue chez ceux qui ont les moyens de vivre des expériences hors du commun et de repousser les limites du possible. Que ce soit sous l’eau ou dans l’espace, ces aventuriers fortunés sont prêts à dépenser des sommes astronomiques pour réaliser leurs rêves.

Sous l’eau: explorer les profondeurs de la planète

L’un des exemples les plus récents de tourisme de l’extrême sous l’eau est la disparition tragique du sous-marin Titan, qui transportait cinq passagers dans une expédition vers l’épave du Titanic. Le submersible, qui appartenait à la société OceanGate Expeditions, avait coûté 35 millions de dollars et pouvait descendre jusqu’à 4.000 mètres de profondeur.

Les passagers du Titan étaient des clients fortunés qui avaient payé 125.000 dollars chacun pour participer à cette aventure unique. Parmi eux, il y avait le milliardaire américain Peter Thiel, cofondateur de PayPal et investisseur dans Facebook et SpaceX. Selon OceanGate Expeditions, il s’agissait d’une mission scientifique et éducative, qui visait à documenter l’état du Titanic et à collecter des données sur la faune et la flore marines.

Le tourisme sous-marin n’est pas nouveau, mais il devient de plus en plus accessible et sophistiqué. Selon le site Luxury Travel Magazine, il existe plusieurs options pour les voyageurs qui veulent explorer les fonds marins, comme des croisières en yacht avec des sous-marins privés, des hôtels sous-marins ou des plongées en apnée ou en scaphandre. Certains sites sont particulièrement prisés, comme les Maldives, les Bahamas, les Seychelles ou les îles Fidji.

Dans l’espace: conquérir la frontière finale

L’autre domaine qui attire les ultra-riches est l’espace, considéré comme la frontière finale de l’humanité. Plusieurs entreprises se sont lancées dans la course au tourisme spatial, comme Virgin Galactic, Blue Origin ou SpaceX. Leur objectif est de proposer des vols suborbitaux ou orbitaux à des clients fortunés qui veulent vivre l’expérience de l’apesanteur et admirer la Terre depuis le ciel.

En 2022, plusieurs vols touristiques ont eu lieu et sont encore prévus. En juillet, le milliardaire britannique Richard Branson a été le premier à voler à bord de son propre vaisseau spatial, le VSS Unity de Virgin Galactic. Il a atteint une altitude de 86 km et a passé quelques minutes en apesanteur avec cinq autres passagers. Quelques jours plus tard, le milliardaire américain Jeff Bezos a fait de même avec son propre engin, le New Shepard de Blue Origin. Il a atteint une altitude de 107 km et a partagé son vol avec trois autres personnes, dont son frère et une aviatrice de 82 ans.

En septembre, c’est le milliardaire américain Jared Isaacman qui a réalisé un exploit historique: il a commandé le premier vol orbital entièrement civil, à bord du vaisseau Crew Dragon de SpaceX. Il a emmené avec lui trois autres passagers, dont une survivante du cancer et un professeur d’université. Ils ont passé trois jours en orbite autour de la Terre, à une altitude de 575 km.

Ces vols sont très onéreux : il faut compter entre 15 et de 55 millions de dollars pour réserver sa place. Mais la demande est forte: selon Virgin Galactic, plus de 600 personnes ont déjà acheté leur billet pour un vol suborbital. Blue Origin annonce que plus de 7.500 personnes ont participé aux enchères pour le premier vol, qui a été remporté par un anonyme pour 28 millions de dollars. Selon SpaceX, plusieurs missions sont déjà prévues pour les prochaines années, dont une avec l’acteur Tom Cruise et le réalisateur Doug Liman.

Quelles sont les motivations des touristes de l’extrême?

Le tourisme de l’extrême répond à plusieurs motivations. Il s’agit d’abord d’un défi personnel, qui permet de se mesurer à des situations extrêmes et de se sentir vivant. Il s’agit aussi d’un moyen de se distinguer des autres, en affichant son statut social et sa capacité à réaliser ses rêves. Enfin, c’est aussi une quête de sens, qui vise à élargir sa vision du monde et à contribuer à la science ou à l’environnement.

Mais le tourisme de l’extrême n’est pas sans risques ni sans critiques. Il implique des dangers réels, comme le montre le drame du Titan, mais aussi des impacts environnementaux et sociaux. Certains dénoncent le gaspillage de ressources et d’émissions de CO2 pour satisfaire les caprices d’une élite. D’autres s’inquiètent des conséquences juridiques et éthiques de l’exploration de l’espace, qui n’est pas régulée par un cadre international clair. D’autres encore soulignent le contraste entre ces voyages luxueux et la situation de millions de personnes qui souffrent de la pauvreté, des conflits ou du changement climatique.

Le tourisme de l’extrême est donc un phénomène complexe, qui reflète les aspirations et les contradictions de notre époque. Il pose des questions fondamentales sur le sens de la vie, le rapport à la nature et la responsabilité sociale.