Pour rappel, la génération Y représente ceux qui sont nés entre 1980 et les années 2000. On ne connaît pas vraiment l’origine de ce Y, certains disent que c’est la forme du tracé des écouteurs sur le buste, ou plus simplement la suite de la génération précédente X, ou encore la prononciation du Y en anglais “why” (pourquoi), question favorite de la génération Y. Les caractéristiques de la génération Y sont : connectivité, individualisme, équilibre vie privée, impatience.
Je me souviens avoir un jour lu un article qui m’avait scotchée de Tim Urban, je tiens à vous en expliquer les grandes lignes.
Tim explique que cette génération Y (dont lui et moi faisons partie) a des attentes à l’opposée de la réalité. Cette génération n’a pas les pieds sur terre. Nous serions paresseux, souffrons d’être incompris, avons beaucoup d’exigences et sommes constamment déçus.
Tim Urban nous campe son personnage fictif : Lucy. Elle fait partie en même temps de la génération Y et de celle des Yuppies. Les Yuppies sont les Young Professional Urban, c’est à dire les jeunes actifs au travail, ils vivent près d’une grande ville et possèdent un diplôme universitaire ou de haute école. Tim décrit les Yuppies de la génération Y comme étant des Gen Y Protagonists & Special Yuppies, en abrégé GYPSYs. Le GYPSY est donc une branche des Yuppies qui pense être le personnage central d’une extraordinaire histoire.
Lucy adore sa vie de GYPSY. Elle très satisfaite d’elle-même et d’être ce qu’elle est. Pourtant Lucy est malheureuse.
Pour quelles raisons les GYPSYs sont-ils insatisfaits ?
Le bonheur ne serait une simple formule mathématique : la réalité moins les attentes. Quand la vie quotidienne est meilleure que prévu, on est heureux. Au contraire, lorsque la réalité est bien moins rose que nos prévisions, on est triste.
Les parents de Lucy ne sont pas des GYPSYs. Ils ont été élevés par des personnes ayant côtoyé de près ou de loin l’après-guerre (seconde guerre mondiale). Ils étaient très concernés par leur santé financière et ont élevé leurs enfants dans le but d’une carrière florissante, longue et sécurisée. On leur a inculqué que pour réussir, il faut travailler dur et que c’est seulement après de nombreuses années que le succès est au rendez-vous. Du coup, les parents de Lucy ont réussi et sont devenus optimistes et heureux.
Loin des tracasseries quotidiennes de leurs aînés, ils ont éduqué Lucy dans un climat plus serein et optimiste que le leur. Il n’y a soudain plus aucune limite à devenir quelqu’un d’important, peu importe le choix du métier. La génération Y allait être maître de son destin et devenir spéciale.
Et pourtant, la Gen Y ne se satisfait plus de ce qui rendait les X heureux, à savoir une carrière moyenne voire très belle. Elle est à la recherche d’une bien meilleure perspective, qu’elle va forcément trouver, puisqu’elle se trouve exceptionnelle. Les mots sécurité financière, travail et dur labeur n’ont soudain plus aucune oreille attentive. Ils sont remplacés par procrastination, plaisir, oisiveté et un peu de travail.
Les GYPSYs sont hyper ambitieux
L’herbe est toujours plus verte ailleurs, c’est bien connu. Le GYPSY ne regarde jamais la couleur de son herbe. Un simple champ verdoyant ne lui suffit pas, il a besoin de réaliser son propre rêve.
Il se sait unique et va faire en sorte d’être là ou les autres ne sont pas, ce qui est un sérieux problème puisque l’entièreté de la génération Y pense en ce sens. La carrière long terme laisse désormais place à la carrière enrichissante.
Les GYPSY’s vivent dans l’illusion complète
Lucy sait combien elle est exceptionnelle et merveilleuse. Sa vie professionnelle sera donc inévitablement au dessus de la masse. Elle ne se contente pas du pré vert de ses parents qu’elle trouve plutôt d’un jaune pâle insipide.
La difficulté arrive lorsque chaque individu de la génération Y est persuadé qu’il va avoir une carrière plus intéressante que les autres. Où se situe le spécial s’ils le sont tous? (par définition, le spécial est ce qui est différent de l’ordinaire).
Tim Urban est persuadé que, même si la génération Y lit son article, elle restera à croire qu’elle fait partie des personnes particulières.
Et puis le GYPSY arrive enfin sur le marché de l’emploi, et c’est le choc. Pour rappel, les parents de Lucy ont fait carrière après des années de travail acharné. Lucy considère qu’une ascension rapide est normale pour quelqu’un de sa valeur. Il suffit juste d’attendre et de changer de voie si cela ne va pas assez vite.
Et c’est là que le bas blesse ! Les carrières se construisent sur des années de lutte, de larmes et de sueur. Peu de personnes ont réussi à devenir ce qu’elles souhaitaient dès 20 ans.
Les GYPSYs n’acceptent pas de patienter et d’écouter
Paul Harvey, expert des GYPSYs et professeur à l’université du New Hampshire, conclut que la génération Y a “des attentes irréelles et une imperméabilité à la critique, même constructive, et qu’elle a une image surdimensionnée d’elle même”.
Il y aurait chez la génération Y “une forte source de frustration et un sentiment d’avoir le droit de grimper plus vite que les autres”. Ce sentiment proviendrait des attentes non-satisfaites. Les Y sont persuadés mériter un degré de respect et de récompense qui n’est pas du tout en phase avec leurs efforts et leurs capacités intellectuelles. Le résultat est une faible probabilité d’atteindre le niveau de reconnaissance qu’ils attendent.
Pour ceux qui engagent des représentants de la génération Y à des postes en entreprise, Paul Harvey suggère de poser la question “Avez-vous souvent l’impression d’être supérieur à vos collègues ou camarades de classe et si oui, pour quelle raison ?”. Si le candidat répond oui mais n’arrive pas à en expliquer la raison, il y a probablement une perception de droit basée sur un sentiment infondé de supériorité et de mérite. Ils se pensent exceptionnels mais ne parviennent pas à en expliquer les raisons.
Le facteur “mérite” souvent pris en considération, quelques années après ses études, Lucy se trouve toujours en bas de l’échelle de la frustration et ne comprend pas ce qui se passe.
L’extrême ambition de Lucy, combinée à l’arrogance qu’elle a cultivée au fil des années, lui a donnée de grandes espérances qu’elle n’atteindra finalement jamais.
Selon Tim Urban, ce serait encore bien pire puisque :
Les GIPSYs se sentent provoqués.
Lucy se sent constamment rabaissée par un phénomène récent : le Facebook Image Crafting, à savoir la construction positive et exagérée de son image sur les réseaux sociaux afin que les contacts pensent que la vie est exceptionnelle.
Les facebook, twitter instagram de ce monde ont imaginé pour notre petite Lucy un endroit où :
- tout ce que font les autres est visible,
- beaucoup présentent une version édulcorée de leur vie finalement pas si belle que cela,
- ceux qui en disent peu sur leur carrière professionnelle sont souvent ceux qui réussissent le mieux
Lucy a développé une féroce jalousie, pensant être la seule pour qui les choses ne fonctionnent pas comme elles le devraient.
Quels sont les conseils pour Lucy ?
Rester ambitieuse
Il y a toujours des opportunités pour des personnes ambitieuses.
Arrêter de penser être spéciale
En ce moment, Lucy est juste une personne comme tout le monde, sans expérience ni grand chose à apporter à une société. Elle doit apprendre. Elle deviendra spéciale uniquement en travaillant dur et longtemps et en se spécialisant.
Ignorer ce que font les autres
Dans notre monde actuel, construit de fausses images, l’herbe est toujours plus verte et brillante de l’autre côté. Tout le monde est indécis et frustré. Si Lucy fait ce qu’elle a à faire, elle n’aura plus de raison de les envier.