Thomas Beatie est originaire de la magnifique île de Hawaï. A première vue, il est loin de ressembler à une femme, malgré des traits pourtant délicats et une manière très douce de parler. Il nous raconte son incroyable histoire avec un sourire un peu énigmatique.
J’ai fait la connaissance de Thomas de manière indirecte lorsqu’il a participé en 2016 à l’émission de téléréalité Secret Story diffusée sur la chaîne française TF1 à une heure de grande écoute.
Rien d’exceptionnel à cela, si ce n’est que l’on pourrait se demander ce que fait un américain maîtrisant mal la langue de Molière dans ce genre de programme plutôt populaire. Quand on apprend que Thomas, né le 20 janvier 1974 à Honolulu, s’appelait en réalité Tracy Lehuanani LaGondino, la surprise est totale. Ma première réaction, somme toute normale, a été la curiosité. Une recherche rapide sur internet montre Tracy avant d’être Thomas. Une jolie jeune fille souriante devenue un homme élégant plus tard.
Né dans un corps féminin, l’hawaïen a est officiellement devenu homme à 23 ans après une ablation des seins et quelques injections de testostérone.
Marié en 2003 à Nancy qui s’est révélée être stérile, c’est tout naturellement que Thomas, ayant gardé ses organes reproducteurs féminins, a accepté de porter leur enfant. En 2008 il est ainsi devenu le premier homme enceinte. Grâce à l’insémination artificielle, il a donné vie à trois magnifiques enfants le couronnant du titre du premier homme ayant donné la vie. Le plus interpellant est que Thomas n’a pas accouché par césarienne mais pas voie naturelle.
L’incroyable histoire de Thomas a fasciné les médias du monde entier. Il fut même invité sur le plateau de Oprah Winfrey. L’homme nous raconte que les enfants l’appellent juste papa et ne s’embarrassent pas de la manière dont ils sont nés ni du fait qu’il a été jadis une femme.
Tout ne fut néanmoins pas rose. Souhaitant divorcer quelques années plus tard et résidant en Arizona, Thomas a du lutter contre la justice de l’état ne le reconnaissant pas de sexe masculin malgré son permis de conduire et son certificat de naissance hawaïen adaptés. Labellisé homosexuel, la justice de l’Arizona a catégoriquement refusé d’accepter le divorce devant un mariage non existant, les preuves de son état masculin étant selon le tribunal jugées insuffisantes.
Fin 2014, la cour d’appel de l’Arizona a enfin reconnu la validité du mariage de Thomas Beatie dans son état d’origine, Hawaï, et a noté qu’il n’a jamais caché son statut de transgenre. Sous peine d’être contraire à la protection de l’égalité des chances, la cour a accepté de laisser aux personnes ayant changé leur certificat de naissance les droits liés à leur statut modifié.
C’est à la fin des années 1970 dans le New Jersey, qu’un tribunal d’appel avait rendu pour la dernière fois une décision dans une affaire de divorce impliquant un transgenre. Le tribunal avait dans ce cas accepté la validité du mariage.
Depuis Thomas, remarié, vit sa vie comme n’importe quel autre homme.
Qu’en est-il de la Belgique ?
Les mentalités évoluent cependant lentement, même en Belgique puisque, dans un article très récent publié dans le quotidien flamand De Standaard du 8 juin, on apprend que Yelle, un transgenre de 26 ans, a accouché d’une petite fille.
A la lecture de l’interview, on constate encore plus combien il est difficile pour un homme dans un corps de femme de refaire la transition à l’envers. Yelle explique qu’à aucun moment de sa grossesse il ne s’est senti femme, même si sentir bouger l’enfant pour la première fois reste un moment inoubliable. C’est justement parce que Yelle sait combien son histoire pourrait être choquante, qu’il a décidé de la rendre publique.
Selon le jeune homme, la grossesse d’un transgenre reste un sujet très tabou dans notre société actuelle, alors que beaucoup de femmes devenues hommes souhaiteraient avoir un enfant. Porter lui-même cet enfant est la seule solution qui s’est offerte à Yelle puisque sa compagne, également transgenre, ne pouvait pas prétendre avoir d’enfants. Adopter ou faire appel à une mère porteuse aurait apporté son lot de problèmes et coûté beaucoup de temps. La décision d’interrompe les injections de testostérone fut prise il y a deux ans, mettant ainsi entre parenthèse la transformation vers un corps masculin.
C’est à peine une semaine après l’accouchement que le transgenre a repris le traitement hormonal.