La peur des autres, ou anthropophobie, est une phobie qui se caractérise par une peur irrationnelle et excessive des personnes, quelle que soit la situation dans laquelle elles sont rencontrées. Les personnes qui souffrent de cette phobie ressentent une anxiété intense en présence d’une ou de plusieurs personnes, même si celles-ci sont bienveillantes ou familières. Cette peur peut avoir un impact négatif sur la vie quotidienne, en limitant les activités sociales, professionnelles ou personnelles.
Un jour, le mari d’une personne du voisinage m’a téléphoné pour me demander de conduire sa femme chez le coiffeur car il était en incapacité de le faire. Je n’ai pas compris pourquoi elle n’appelait pas elle-même, pourquoi elle ne prenait pas le bus, vu qu’il s’arrêtait à une rue du salon de coiffure et qu’il y avait à peine quelques kilomètres à parcourir en ligne droite. Il a dit qu’elle n’osait pas demander à quel arrêt il fallait s’arrêter car les chauffeurs de bus étaient souvent agressifs. Bizarre, le peu de fois que j’avais pris le bus pour me rendre à l’université, je n’ai pas eu cette sensation.
Et puis, j’ai remarqué d’autres détails, comme le fait qu’elle n’allait jamais promener le chien seule, mais attendait d’être accompagnée de son mari ou de sa fille. Elle se sentait constamment persécutée et prétendait que les personnes qu’elle croisait la critiquaient ou disaient du mal de son chien mal éduqué selon elle. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte qu’en réalité elle avait peur des autres.

Les symptômes de la peur des autres
La peur des autres peut se manifester par différents symptômes physiques, émotionnels ou comportementaux, tels que: des palpitations cardiaques, des sueurs, des tremblements, une bouche sèche, la nausée, une difficulté à respirer, un sentiment de panique, une envie de fuir, un évitement des situations impliquant des personnes, une difficulté à établir un contact visuel, une crainte d’être jugé ou rejeté, une faible estime de soi, une dépendance excessive à une personne de confiance (dans le cas de cette personne, elle ne faisait absolument rien sans son mari).
Les causes de la peur des autres
Il n’existe pas de cause unique à la peur des autres. Il s’agit plutôt d’un phénomène multifactoriel, qui peut impliquer des facteurs génétiques, biologiques, psychologiques ou environnementaux.
Un déséquilibre des neurotransmetteurs (les messagers chimiques du cerveau), comme la sérotonine ou la dopamine, qui régulent l’humeur et l’anxiété.
Une prédisposition génétique à développer des troubles anxieux ou phobiques, si un membre de la famille en souffre également.
Un traumatisme vécu ou observé impliquant des personnes, comme une agression, un harcèlement, une humiliation ou un rejet.
Un manque de compétences sociales ou de confiance en soi, qui rend difficile l’interaction avec les autres.
Une influence culturelle ou familiale, qui impose des normes sociales strictes ou exigeantes, qui peuvent générer du stress ou de la culpabilité.

Le diagnostic de la peur des autres
La peur des autres n’est pas un trouble officiellement reconnu par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Cependant, elle peut être assimilée à une phobie spécifique, c’est-à-dire une peur persistante et irrationnelle d’un objet, d’une situation, d’une activité ou d’une personne.
Pour poser le diagnostic de phobie spécifique, il faut que les critères suivants soient réunis:
La personne éprouve une peur intense et disproportionnée face à l’objet ou à la situation phobique (en l’occurrence les personnes).
L’exposition à l’objet ou à la situation phobique provoque une réaction anxieuse immédiate, pouvant aller jusqu’à la crise de panique.
La personne reconnaît que sa peur est excessive et irrationnelle, mais ne parvient pas à la contrôler.
La personne évite autant que possible l’objet ou la situation phobique, ou les affronte avec une grande détresse.
La peur ou l’évitement interfère avec le fonctionnement normal de la personne, en causant une souffrance significative ou une altération sociale, professionnelle ou personnelle.
La peur persiste pendant une période d’au moins six mois.

Le traitement de la peur des autres
La peur des autres n’est pas une fatalité. Il existe des traitements efficaces pour aider les personnes qui en souffrent à réduire leur anxiété et à améliorer leur qualité de vie.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui vise à modifier les pensées et les comportements négatifs liés à la peur des autres. La TCC utilise des techniques comme l’exposition graduée, qui consiste à confronter progressivement la personne à sa peur, en commençant par des situations peu anxiogènes et en augmentant le niveau de difficulté. La TCC utilise aussi des techniques comme la restructuration cognitive, qui consiste à identifier et à remettre en question les pensées irrationnelles ou catastrophiques qui alimentent la peur.
Les médicaments, qui peuvent être prescrits pour soulager les symptômes physiques de l’anxiété, comme les antidépresseurs ou les anxiolytiques. Les médicaments ne sont pas un traitement de fond, mais ils peuvent être utiles en complément d’une thérapie, ou pour des situations ponctuelles.
Les thérapies alternatives, qui peuvent aider à réduire le stress et à favoriser la relaxation, comme la méditation, le yoga, l’hypnose, l’acupuncture ou l’aromathérapie. Ces thérapies ne sont pas validées scientifiquement, mais elles peuvent avoir un effet bénéfique sur le bien-être de la personne.

Conclusion: la peur des autres peut se surmonter
La peur des autres est une phobie qui peut avoir des conséquences importantes sur la vie d’une personne. Elle peut l’empêcher de nouer des relations sociales, de s’épanouir professionnellement ou personnellement, ou de profiter des plaisirs simples de la vie.
La peur des autres n’est pourtant pas une fatalité. Il existe des traitements efficaces pour aider les personnes qui en souffrent à réduire leur anxiété et à améliorer leur qualité de vie. Il est important de consulter un professionnel de la santé mentale si l’on pense souffrir de cette phobie, afin de bénéficier d’un diagnostic et d’un accompagnement adaptés.