Trichotillomanie : quand s’arracher les cheveux devient une maladie

La trichotillomanie est un trouble psychologique qui se caractérise par un arrachage compulsif et répétitif des cheveux ou des poils comme les sourcils, entraînant une perte de cheveux ou de poils visible sur le cuir chevelu ou le corps. Elle touche environ 1 à 2% de la population, principalement des enfants et des adolescents, et plus souvent des femmes que des hommes. Elle peut avoir des conséquences importantes sur l’estime de soi, la qualité de vie et le fonctionnement social des personnes qui en souffrent.

Quelles sont les causes de la trichotillomanie ?

Les causes de la trichotillomanie sont mal connues, mais il semblerait qu’il s’agisse d’un trouble multifactoriel, impliquant des facteurs génétiques, neurologiques, psychologiques et environnementaux. Parmi ces facteurs, on peut citer :

Une prédisposition génétique : certaines études ont montré que la trichotillomanie pouvait être héréditaire et qu’elle était associée à des variations de certains gènes impliqués dans le métabolisme de la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur, du stress et du contrôle des impulsions.

Une anomalie neurologique : des études ont montré que la trichotillomanie était liée à une altération du fonctionnement de certaines régions du cerveau impliquées dans le traitement émotionnel, la planification motrice et le contrôle inhibiteur. Il pourrait aussi exister une hypersensibilité des récepteurs cutanés qui rendrait l’arrachage des cheveux ou des poils plus gratifiant.

Un facteur psychologique : la trichotillomanie serait une forme de coping, c’est-à-dire une stratégie d’adaptation face à des situations stressantes, angoissantes ou frustrantes. L’arrachage des cheveux ou des poils permettrait de soulager temporairement la tension ou l’anxiété, mais aussi de se punir, de s’auto-apaiser ou de s’exprimer. La trichotillomanie pourrait aussi être liée à des troubles de l’attachement, à un manque d’estime de soi, à une dépression ou à un trouble obsessionnel compulsif.

Un facteur environnemental : la trichotillomanie pouvait être déclenchée ou aggravée par des événements de vie stressants, comme un traumatisme, un deuil, un divorce, un déménagement, une maladie ou un changement d’école. Elle pourrait aussi être influencée par des modèles familiaux, sociaux ou culturels.

Quels sont les symptômes de la trichotillomanie ?

L’arrachage peut être conscient ou automatique, et il peut être précédé par une sensation de tension ou d’anxiété et suivi par un sentiment de soulagement ou de satisfaction. L’arrachage peut aussi s’accompagner de rituels, comme rechercher un type particulier de cheveu ou de poil, le toucher, le mordre ou l’avaler. La quantité et la distribution de la perte de cheveux ou de poils varient selon les individus, allant de zones clairsemées à des zones complètement chauves. La trichotillomanie peut entraîner des complications physiques, comme des infections cutanées, des cicatrices, des trichobézoards (amas de cheveux ou de poils dans l’estomac ou l’intestin) ou des caries dentaires. Elle peut aussi entraîner des complications psychologiques, comme une détresse émotionnelle, une honte, une culpabilité, une faible estime de soi, une dépression, une anxiété, un isolement social ou des difficultés scolaires ou professionnelles.

Quels sont les traitements de la trichotillomanie ?

Le traitement de la trichotillomanie vise à réduire l’arrachage des cheveux ou des poils, à favoriser leur repousse et à améliorer le bien-être psychologique et social des personnes qui en souffrent. Il existe différents types de traitements, qui peuvent être combinés entre eux :

Les traitements psychologiques : ils visent à modifier les pensées, les émotions et les comportements liés à l’arrachage des cheveux ou des poils. La thérapie cognitivo-comportementale est la plus efficace et la plus utilisée. Elle comprend notamment la formation à l’inversion d’habitude, qui consiste à apprendre à identifier les signaux déclencheurs de l’arrachage et à y répondre par un comportement incompatible, comme serrer le poing ou jouer avec un objet. D’autres approches, comme la thérapie d’acceptation et d’engagement, la thérapie de pleine conscience ou la thérapie familiale peuvent aussi être utiles.

Les traitements médicamenteux : ils visent à agir sur les neurotransmetteurs impliqués dans la trichotillomanie, comme la sérotonine, la dopamine ou le glutamate. Certains antidépresseurs, peuvent aider à réduire l’arrachage des cheveux ou des poils, mais leur efficacité est variable et limitée. D’autres médicaments, comme les antipsychotiques atypiques, les stabilisateurs de l’humeur ou les acides aminés, peuvent être utilisés en complément ou en alternative aux antidépresseurs, selon les cas.

Les traitements cosmétiques : ils visent à camoufler la perte de cheveux ou de poils, à donner du volume ou de la densité aux cheveux ou aux poils et à améliorer l’aspect esthétique. Ils peuvent être sous forme de shampoings, de lotions, de sprays, de poudres, de fibres ou de maquillage. Ils peuvent aussi consister en des prothèses capillaires, des perruques, des extensions ou des implants.

Quelles sont les ressources disponibles pour les personnes atteintes de trichotillomanie ?

La trichotillomanie est un trouble souvent méconnu et stigmatisé, qui peut être difficile à vivre au quotidien. Il est important pour les personnes qui en souffrent de ne pas rester isolées et de chercher de l’aide auprès de professionnels de santé compétents et bienveillants. Il existe aussi des associations qui offrent du soutien, de l’information et de l’entraide aux personnes atteintes de trichotillomanie, comme l’Association Française de Trichotillomanie ou la Trichotillomania Learning Center. Ces associations proposent notamment des groupes de parole, des ateliers, des conférences, des formations ou des événements pour sensibiliser le public et les professionnels à ce trouble.

Conclusion

La trichotillomanie peut être traitée par une thérapie cognitivo-comportementale, des médicaments ou des solutions cosmétiques. Il est important pour les personnes atteintes de trichotillomanie de ne pas rester isolées et de chercher de l’aide auprès de professionnels de santé compétents et bienveillants.