L’Arizona et moi, c’est une grande et longue relation sentimentale. C’est un peu comme mon homme, celui vers qui je reviens volontiers pour me ressourcer et que j’abandonne pour mieux retrouver. Celui qui ne me trahira jamais, qui m’éblouit de ses paysages et me fait sentir tellement bien.
Mais qu’est-ce que je trouve donc de tellement intéressant dans cet état américain ? Voici quelques points qui en font mon petit coin de paradis.
1- La faune et la flore
Pour les photographes animaliers (dont j’aimerais faire partie), les nombreux animaux sauvages qu’on aperçoit en Arizona sont un régal pour les yeux.





Il n’est pas rare de rencontrer dans le jardin (toutes les photos ci-dessus y ont été prises) une biche, un lapin, un coyote, un serpent à sonnettes, un puma ou encore un bobcat. Le bonheur à l’état pur ! L’Arizona est ma bonbonne d’oxygène et aussi bizarre que cela puisse paraître, j’ai besoin de pouvoir m’y retrouver même si je suis plutôt californienne.
2- Les paysages de rêve
Quel autre état possède autant de paysages magiques et différents ? On y passe de la forêt la plus dense, au désert aride, à un profond lac, le tout en moins de deux heures. L’Arizona n’est que trésors, parcs nationaux, forêts et déserts.
La beauté de la nature y est unique. Les collines couleur ocre tranchent avec la végétation verdoyante des plaines. Rappelons aussi que l’Arizona est l’état qui a la plus grande partie de la fameuse Route 66 sur son territoire.
3- Le saguaro (nom amérindien de cactus).
Ce cactus survit dans le désert grâce à un système très complexe qui lui permet de se contracter et d’ainsi conserver l’eau qu’il détient. Il peut en stocker jusqu’à 5,5 tonnes. Du coup il devient la cible favorite de beaucoup de prédateurs comme les oiseaux, rongeurs, et reptiles. Ce n’est pas pour autant que le saguaro se laisse dévaliser sans broncher. Lorsqu’il est dévoré, pour se protéger et assurer sa survie, le cactus produit une résine noire impossible à traverser ensuite. En cas de sécheresse intense ou d’incendie, ce vaillant cactus va mettre ses dernières forces dans une ultime floraison avant de définitivement rendre mourir. Il est l’âme de l’Arizona et la représentation que je m’en fais quand on parle du désert.
4- Le Monstre de Gila
Ne vous fiez pas à ses couleurs claires, c’est ici qu’on trouve le seul lézard venimeux en Amérique du Nord appelé le Monstre de Gila. Sa morsure est extrêmement douloureuse, même si elle n’est pas mortelle pour les adultes. Ce reptile peut atteindre 60 cm de long et fait partie des animaux protégés en Arizona.
En plus d’être d’humeur assez morose, ce monstre a une fâcheuse tendance à ne pas vouloir lâcher sa proie quand il la mord. Il est cependant plutôt débonnaire et relativement lent.
Les dents recourbées du reptile s’enfoncent dans la chair de son ennemi. Sur cette photo, prise lors d’une rencontre avec des professionnels du Monstre de Gila, nous avons eu l’occasion de voir son mauvais caractère.
Cette année, lors d’un représentation de chevaux, alors que nous étions assis en tribune, la foule au premier rang à levé les jambes en criant de faire rapidement pareil. Un Monstre de Gila se promenait près des chevaux et se dirigeait vers le public. Il est passé à moins de 15 centimètres de nos pieds. Il n’y a qu’en Arizona que cela se passe ainsi. Tout le monde sait qu’il est dans son environnement naturel, alors hors de question de le chasser.
5- Les tarentules
Etrangement, les tarentules me font bien moins peur que certaines autres araignées, comme la veuve noire ou la brown recluse aux longues et fines pattes. Je reste néanmoins terrorisée par leur rapidité de mouvement. Ne vous trompez pas, sur la photo, c’est le doigt de ma mère qui tente une approche pacifique avec l’arachnide.
6- Le colibri.
Le désert de l’arizona regorge de ces merveilleux petits oiseaux venant butiner les cactus.
Saviez-vous qu’un colibri (hummingbird) peut battre des ailes plus de 200 fois par seconde ?
J’adore photographier ces minuscules oiseaux colorés (appelés aussi oiseaux-mouches). Ils sont tellement rapides et farouches. Obtenir l’image au bon moment relève parfois du miracle, comme sur cette photo prise un peu par hasard parmi au moins 30 photos ratées.
7- Le coyote.
Mon animal fétiche, même si souvent incompris et mal-aimé, est le coyote. Les amérindiens le surnommaient le chien de Dieu. On le devine souvent à la tombée de la nuit. Très farouche, il s’approche des habitations pour fouiller les poubelles lorsqu’il est affamé.
Chaque soir, je voyais le même coyote en contrebas de notre jardin. Au fil des jours, j’avais l’impression qu’il me reconnaissait. Il semblait m’observer dans la pénombre, me défiant de ses yeux jaunes et perçants, surveillant mes gestes sans pourtant jamais s’enfuir.
J’avais pris l’habitude de déposer sur son trajet des croquettes pour chien (à ne pas répéter au Sheriff Joe, il est strictement interdit de nourrir les coyotes en Arizona).
Mon coyote préféré arrivait toujours de manière tellement silencieuse que j’étais à chaque fois étonnée de ne pas avoir entendu ses pas. Je sentais juste qu’il était là, et puis après quelques minutes d’immobilité, il surgissait d’un buisson. A mon départ vers l’Europe, j’ai laissé un sac de 25 kilos de nourriture pour chiens et creusé un petit puit d’eau, pensant lui rendre la vie plus facile et espérant le voir survivre à la sécheresse.
J’avais tissé un lien étrange avec ce chien de Dieu. Le dernier soir avant mon départ, le coyote est arrivé accompagné d’un magnifique loup noir. Le loup est resté très éloigné de moi, il semblait nerveux et pressé de partir. J’aurais juré que le coyote voulait me présenter son copain loup (et en même temps l’emmener au restaurant de croquettes pour chien). Je n’ai jamais essayé de l’approcher ni cherché à le toucher, je ne tenais pas à l’apprivoiser et l’habituer aux humains qui pourchassent et tuent régulièrement les coyotes.
J’ignore ce qu’est devenu le canidé. J’espère qu’il n’a pas été heurté par un véhicule en traversant le désert vers la civilisation ou abattu par un propriétaire dont il aurait tué les poules.
8- Le Grand Canyon.
Faut il encore présenter l’emblème du Far West ? Le Grand Canyon est le plus fascinant des lieux. Immense, unique, magique, mystérieux, vertigineux, il n’y a pas assez de qualificatifs pour le décrire.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’endroit est touristique, mais c’est loin d’être bondé. Si vous regardez la photo, vous me verrez toute petite sur un rocher.
9- La tranquilité.
Notre demeure est complètement intégrée à l’architecture et la faune locale. Certaines lois de l’urbanisme interdisent de construire avec un étage quand elle est en pleine nature. Un respect total des lieux est obligatoire. La construction doit être le moins visible au milieu de la végétation et ne peut pas déranger la vue par ses couleurs, formes ou vitres. J’avoue aimer ce concept en totale harmonie avec la terre des indiens.
Rajoutons qu’on peut faire du bruit sans déranger personne. Par contre, pour la fête des voisins, il faudra revenir par manque d’invités possibles (ce qui n’est pas le cas dans les grandes villes de l’Arizona comme Phoenix et Tucson bien sûr).
10- La météo.
L’été est aride, extrêmement chaud et très difficile à supporter (beaucoup d’habitants partent vers un autre état durant les mois les plus chauds). La température atteint facilement les 50 degrés celsius au coeur de l’été arizonien.
11- Les noms de rues au lourd passé.
‘This is it Place’, ‘Here to There Drive’, ‘Stagecoach Street’, ‘Blody Basin Road’ … tous ces noms évoquent une partie du pénible passé de l’Arizona.
J’aime essayer de trouver les explications sur le choix des noms de rue.
Typiques, tristes ou poétiques, il n’y a que l’embarras du choix. “D’ici à là-bas”, “La colline sanglante”, “Bol de sang”, “Illusion de mort” …
12- Les chevaux.
En Arizona, comme dans d’autres états américains voisins, les chevaux sont magnifiques. Ma mère est l’heureuse propriétaire d’un cheval indien, un appaloosa, qui est une pure merveille. Une beauté à couper le souffle. Depuis quelques années, je suis tombée amoureuse de ces majestueuses bêtes aux tâches et couleurs pittoresques. En Europe, je n’aime pas trop monter à cheval parce qu’il est presque impossible de communiquer avec la nature lors des promenades (du moins là où j’habite). En Arizona, on peut se balader une journée à cheval sans voir autre chose que des animaux et des arbres. Il vaut d’ailleurs mieux être accompagné, une sortie seul pourrait se révéler très dangereuse (ma mère s’en souvient, elle a fait une chute spectaculaire il y a presque 2 ans).
13- Les couchers de soleil.
Vous ne pouvez pas prétendre avoir vu un coucher de soleil tant que vous n’avez pas assisté à la disparition de la journée dans le désert de l’Arizona. Romantisme absolu.
14- Les beaux cowboys.
Là-bas, les hommes à cheval, stetson sur la tête et chaps virils autour de la taille, ont ce charme particulier de l’ouest qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Mesdames, quel est votre avis ?
Inutile de penser que vous allez en croiser à chaque coin de rue. Il faut prendre le temps de se rendre dans les rodéos ou les ranchs et certains saloons, mais j’avoue que le charme opère toujours. J’ai également fait une petite vidéo sur le même sujet au Texas et écrit un article. J’y avais rencontré quelques cowboys sympathiques. N’hésitez pas à aller jeter un coup d’oeil.
En conclusion, se promener dans les sentiers au gré de ses envies, être en communion avec cette nature rebelle, entendre uniquement les bruits des animaux libres, est incomparable. Je me battrais volontiers contre ce monde gouverné par les grandes puissances et l’argent pour la seule survie de tels endroits.