Existe-t-il un secret pour sortir les mots de la bouche d’une personne qui n’a pas envie de vous parler ? Tellement de journalistes sont incapables de reproduire fidèlement les paroles que les interviewés sont devenus méfiants des journalistes.
De là à affirmer que faire une bonne interview est très compliqué, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.
Le but ultime du dialogue étant de toujours obtenir des informations précises, il ne faut laisser aucune doute possible à une fausse interprétation.
Alors comment faire pour avoir la bonne tactique ?
Une demande polie par écrit
Même si le téléphone est plus facile et plus rapide, en général une demande d’interview par mail passe beaucoup mieux. Il faut exposer son but, rassurer l’interlocuteur sur le résultat et insister sur le fait que rien ne sera publié sans accord préalable.
Une préparation professionnelle
Vous n’arrivez pas préparé de la même manière à un rendez-vous avec un sportif, une star de la télé, un écrivain ou un politicien, mais ils demandent tous à être approchés de manière ultra professionnelle. Ne vous lancez que si vous sentez avoir suffisamment d’informations sur la personne interrogée. Dans le cas d’un politicien, renseignez-vous sur le parti politique, les opposants, ses passions, son historique personnel, ses antécédents. Faites une liste de questions très large de sorte à pouvoir rebondir en cas de refus de réponse à l’un de vos sujets.
Le choix du lieu
C’est à vous de vous déplacer et non l’inverse. Essayez d’éviter les lieux plublics trop bruyants qui n’incitent pas à la confidence. Les salons privés des hôtels peuvent convenir s’il n’y a pas trop de monde ce qui réduirait vos chances de créer un climat de confiance. Un bureau ou un endroit très calme sont parfaits.
Poser vos questions
La première stratégie est évidemment de mettre votre interlocuteur en confiance. Bannissez toute agressivité et évitez absolument les questions à double sens qui pourraient mettre votre interviewé sur la défensive ou mal à l’aise. Soyez clair, précis et laissez la personne formuler ses réponses. Ne lui coupez pas la parole (ou faites le poliment si votre timing est serré). Montrez lui que vous gérez votre sujet par un enchainement de questions en rapport avec son actualité. Gardez toujours en tête un fil conducteur que vous aurez tracé dans votre tête et revenez y sans cesse.
Restez neutre
Même si vous avez une opinion arrêtée sur le sujet, tâchez de rester neutre dans vos questions faute de quoi vous n’obtiendrez pas les réponses voulues. Soyez quoiqu’il arrive respectueux envers votre interlocuteur et n’oubliez jamais qu’il vous a accordé une interview, ce qui le place déjà dans la catégorie des personnes à respecter.
Le ton
Choisissez le ton en fonction du sujet ou de votre interlocuteur. Si vous interrogez une personne très controversée et que vous souhaitez obtenir des informations plus précises et profondes, vous pouvez vous permettre d’être un peu plus directif. A l’inverse, rien ne vous empêche de poser des questions larges de manière à permettre des réponses très ouvertes et d’ensuite cibler en fonction des réponses données. Gardez un sourire en toute circonstance et acquiescez de manière à encourager les réponses et créer ce climat de confiance que vous désirez tant.
La restitution
A vous de faire le choix entre la prise de note manuscrite, l’ordinateur ou l’enregistrement de la conversation. Dans ce dernier cas il faut demander l’autorisation à l’interviewé et interrompre le fonctionnement de l’appareil dès que vous êtes dérangés (téléphone, proche qui intervient). Notez cependant toujours ce qui vous parait important : tenue vestimentaire, physique, gestes… Coupez aussi l’enregistrement à la demande, dans le cas de réponses qui seraient trop personnelles…
Veillez à ce que la retranscription soit fidèle à l’interview.
Voilà, vous êtes prêt à faire votre première grande interview.