La loi du 16 septembre 2001 punit la discrimination basée sur une apparence physique. Il est pourtant encore très rare qu’une plainte soit déposée pour ce motif.
Ma mère gère une agence événementielle et une agence people. Elle raconte volontiers à quel point le physique est important pour les clients, même si aucun d’entre eux ne le dira de manière trop évidente. Elle me dit souvent “Bienvenue dans le monde réel et dans le casting sur mesure.”
Plus de 6 recruteurs sur 10 avouent que, à compétences égales, le visage le poids ou la taille sont des facteurs déterminant dans le choix d’un candidat.
Mais dans ce cas, proposer des produits avec des gens “beaux” vend-il forcément mieux ?
Si on n’est pas tout à fait hypocrite, on admettra que l’on se souvient tous de certaines publicités plutôt suggestives, sans se rappeler le moins du monde du nom du produit promotionné. On ne se remémore d’ailleurs pas plus de la marque de la poudre à lessiver où une personne banale parlait de “plus blanc que blanc”. Le choix de la beauté est parfois volatile et reste juste un plaisir des yeux.
Cicéron disait que le visage est le reflet de l’âme. Du coup, et par association, notre monde actuel en a conclu qu’un beau visage est le reflet d’une belle âme. D’ailleurs, la première impression que l’on a d’une personne se fonde uniquement sur son apparence physique, même si on dit souvent le contraire. Tous les cours de vente expliquent l’importance du premier contact. Selon différentes études, notre attention est attirée par l’apparence de l’autre à 62 % et seulement à 7% par ses paroles (le reste étant le lieu, la situation, l’historique, les pensées propres…).
L’expression “avoir le physique de l’emploi” vient du monde du théatre où un même genre de rôles était attribué sur base d’un physique (un jeune premier, une servante, un voleur …). Idem pour la maxime “délit de sale gueule” où le préjugé est clairement énnoncé dans la maxime.
On ne peut pas cacher que l’apparence physique entre en ligne de compte pour les métiers en contact avec la clientèle, consciemment ou non, puisque le salarié est l’ambassadeur de la marque et la première image de la société. Pourtant même dans une fonction non commerciale, cela peut poser un problème. Hubert Maybole, chercheur à l’Université de Oxford a envoyé plus de 1.000 cv pour une fonction d’informaticien. La moitié avec la photographie d’une personne au physique avantageux et l’autre moitié avec la photo d’une personne moins gâtée par la nature. Tout le reste, les comptétences et l’expérience étaient similaires. La candidate au physique le moins avantageux a reçu 14 % de réponses positives contre 46 % pour la jolie candidate. Assez édifiant.
Pareil pour le salaire qui sera de 5 à 10 % plus élevé si vous avez la chance de ressembler à un top model.
Etre grand.
Aux Etats-Unis, les cadres sont souvent de grande taille (plus d’1m85) parce que cela leur permet de dominer la foule et de toiser de toute leur taille le “petit” personnel. Ils doivent évidemment être plus grands que les ouvriers et ainsi pouvoir inspirer crainte et respect. Le salaire serait même supérieur de 7 % lorsqu’un homme mesure plus de 1,80 m.
Pas assez mince.
Le surpoids pèse lourd dans la balance et fait perdre 10% de salaire surtout aux femmes, les hommes étant moins concernés. Les personnes en surcharge pondérale sont estampillées comme manquant de dynamisme.
Etre trop beau est aussi un handicap.
Lorsque l’on ne se sent pas toujours en forme, le danger visuel vient des gens trop beaux, trop à l’aise, trop charismatique.
Pour un employeur, les gens trop beaux peuvent aussi représenter une menace car susceptibles de mieux réussir et de leur prendre la place. La jalousie fera en sorte de garder la personne trop belle à distance.
Que dire du cliché des belles personnes qui seraient futiles et bêtes. La “bimbo”, le “gros bras”, la fille qui ressemble à une poupée barbie sans cervelle… autant d’injures liées au physique. Une femme jolie aura beaucoup de mal à performer dans un milieu d’hommes surtout si elle a une fonction de cadre supérieur.
Selon un pdg très médiatisé d’une multinationale américaine (entretemps devenu président !), rechercher un travail pour une femme est similaire à un concours de beauté. Il est plus intéressant pour celles moins chanceuses d’investir dans la chirurgie esthétique que dans l’éducation. Misogyne vous avez dit ?
Le casting à l’américaine
J’ai un jour pu assister à Phoenix à un recrutement pour Disney Channel organisé par une importante agence de casting. La recruteuse forte en paroles, devant au moins deux cents jeunes de moins de 15 ans, expliquait toute la difficulté de réussir dans un métier public. Je me sentais mal à l’aise depuis le début parce qu’elle parlait de manière agressive comme si elle avait devant elle des adultes, mais j’ai été encore plus choquée lorsque je l’ai entendue affirmer (tel un gourou de secte) :
“If you are not pretty, don’t blame me, blame God or your parents” (si vous n’êtes pas beau, ne m’en faites pas le reproche, mais reprochez le à Dieu ou à vos parents). Je n’ose pas imaginer comment ont du se sentir les enfants n’ayant pas été sélectionnés. Ce jour là, ils ont appris qu’être beau est essentiel à la réussite. Le plus incroyable était que ce recrutement était destiné à la chaine Disney, sensée véhiculer les valeurs de la vie !
En conclusion, je pense que la clé du succès réside dans la confiance en soi et l’étude la personnalité de son interlocuteur. La communication verbale et non verbale sont tout aussi importantes que le physique. Une voix assurée, des gestes calmes et un sourire naturel sont des atouts plus essentiels et moins futiles que des yeux de biches, un teint parfait et des muscles saillants.