Nous connaissons tous des personnes qui râlent tout le temps, pour tout et pour rien. Que ce soit notre conjoint, notre collègue ou notre voisin, ces râleurs nous agacent, nous fatiguent et nous plombent le moral. Mais pourquoi râlent-ils sans arrêt ? Sont-ils mal dans leur peau, insatisfaits de leur vie, ou ont-ils une vision plus réaliste du monde que les optimistes ? Et comment réagir face à eux sans se laisser contaminer par leur négativité ?
Râler : une façon d’être au monde
Selon Yves-Alexandre Thalmann, psychologue clinicien et auteur de Comment garder le moral par temps de crises, râler est une façon d’être au monde, une manière de prendre la vie. “Comme certains sont contents et joyeux, d’autres sont insatisfaits et en colère, souvent depuis toujours.
C’est généralement un pli familial. “Dans certaines familles, on pratique en effet de concert le plaisir de rouspéter contre ceux qui, forcément, n’y comprennent rien, font n’importe quoi…”. Le fait de critiquer ou de voir le côté négatif est alors pris pour de la lucidité”, précise Patricia Delahaie.
Râler permet aussi de verbaliser une tension intérieure, de se libérer d’un sentiment d’impuissance ou de frustration face à une situation qui nous bloque, nous empêche ou nous limite. L’embouteillage nous prive de liberté, les chaussettes qui traînent disent notre manque d’organisation, les enfants qui ne se manifestent pas assez nous font sentir abandonnés… Autant de sources d’irritation qui peuvent déclencher des plaintes incessantes.
Râler : un comportement négatif et contagieux
Râler est-il alors un moyen efficace de se sentir mieux ? Pas vraiment, selon les experts. Focaliser son attention sur ce qui ne va pas assombrit l’humeur et alimente la frustration. De plus, râler ne résout pas les problèmes, mais les amplifie et les entretient. Au lieu de chercher des solutions ou de changer de point de vue, le râleur se complaît dans son statut de victime et se coupe des opportunités positives.
Râler a aussi un impact négatif sur l’entourage du râleur. En effet, les émotions sont contagieuses, et entendre quelqu’un se plaindre sans arrêt peut affecter notre moral, notre motivation et notre énergie. Le râleur risque alors de se retrouver isolé ou rejeté par les autres, ce qui renforce son sentiment d’injustice et sa colère.
Râler : comment changer ou faire face ?
Peut-on changer son mode de fonctionnement et arrêter de râler ? Oui, à condition de se responsabiliser et de prendre conscience des effets néfastes de la plainte sur soi-même et sur les autres. Il s’agit ensuite de s’entraîner à remplacer les pensées négatives par des pensées positives, à éviter les jugements à l’emporte-pièce sur tout et tout le monde et à cultiver sa curiosité et son empathie. Il faut aussi apprendre à exprimer ses besoins et ses émotions de façon constructive, sans accuser ni reprocher.
Et comment réagir face à un conjoint, un collègue ou un ami râleur ? Il existe plusieurs stratégies possibles :
Savoir écouter sans juger ni contredire. Parfois, le râleur a juste besoin d’être entendu et compris. On peut lui témoigner notre soutien et notre compassion sans entrer dans son jeu ni renforcer sa négativité.
Changer de sujet ou proposer une activité positive. On peut essayer de détourner l’attention du râleur vers quelque chose de plus agréable ou de plus constructif. Par exemple, on peut lui parler d’un projet qui nous tient à cœur, lui faire un compliment, lui suggérer de faire une promenade ou un jeu…
Se protéger et prendre du recul. Si le râleur est trop toxique ou insupportable, on peut choisir de s’éloigner de lui ou de réduire le contact. On peut aussi se rappeler que ses plaintes ne nous concernent pas personnellement et qu’elles reflètent son mal-être. On peut enfin se concentrer sur les aspects positifs de notre vie et cultiver notre gratitude.
Poser ses limites et dire stop quand le râleur devient trop envahissant ou agressif. On peut lui faire comprendre qu’on n’accepte pas son comportement et qu’on a besoin de respect et de calme.

En conclusion, les personnes qui râlent tout le temps ne sont pas forcément des personnes malheureuses ou lucides. Elles sont plutôt des personnes qui ont du mal à gérer leurs émotions, à accepter la réalité et à communiquer efficacement. Râler n’est pas une fatalité, mais un choix. On peut décider de changer ou de faire face aux râleurs avec bienveillance et assertivité.