Faut-il combattre les diktats de la beauté ?

Bientôt l’été. C’est aussi l’occasion de rappeler à la femme à grands renforts d’images sexy que, si elle veut plaire, son corps doit absolument être adapté.

Je serais la plus belle à la plage

Une chose est sûre, la période estivale commence d’abord par la presse. Non, ne pensez pas y échapper Mesdames ! Si vous souhaitez être dans la norme du maillot de bain, il est presque déjà trop tard. Exit ces petits bourrelets qui ne vous dérangaient pas. On va vous dire ce que vous devez être, car ne vous y trompez pas, la beauté intérieure n’a aucune valeur pour la publicité.

Sachez d’abord qu’être belle, c’est être mince ! Les femmes rondes, c’est bien connu, n’ont pas de volonté. D’ailleurs il suffit de lire les titres des magazines « 10 astuces pour maigrir », « Effacer les petites rondeurs », « Sculpter son corps » pour comprendre qu’il est hors de question de se laisser aller. Et si vous êtes à l’aise et heureuse avec 30 grammes de plus, on vous rappelera très vite que vous avez tort de l’être parce que « être belle », ce n’est pas aller bien.

Avouez que vous pensez au nombre de calories de ce plat au moment de la commande au restaurant. Et c’est encore plus le cas, lorsque vous êtes en groupe et que les convives féminines se contentent d’une salade non ?

Etre mince n’est pas suffisant

Que dire aussi du bronzage qui doit-être impeccable, du maquillage léger, de la coiffure mode, des vêtements bien adaptés, de la quête à la jeunesse constante ?  Etre mince tout simplement ne suffit d’ailleurs pas, il faut aussi avoir de la féminité pour plaire. On nous impose dorénavant la taille des seins, la sculpture du sourcil, l’épaisseur de la bouche, la longueur et la couleur des cheveux.  Rien n’est laissé au hasard, chaque trait est étudié et renvoyé vers la conformité.

A croire qu’un corps naturel est laid. Les canons de beauté sont tellement inaccessibles qu’ils nous écrasent et renvoient de nous une image forcément négative.  Impossible d’accéder à l’extrême beauté qu’on nous impose, même en dépensant une fortune pour notre apparence.

Le parti pris dans les campagnes publicitaires

Comment se fait-il que les campagnes de pub pour les produits amincissants utilisent presque exclusivement des visuels féminins, alors les hommes sont pourtant statistiquement aussi « enveloppés » mais n’en portent visiblement pas la charge émotionnelle ?

Magazines de mode, journaux, affichages, réseaux sociaux et publicités télévisées nous inondent de photographies qui se veulent celles de la femme idéale. « Elevons une image au rang de la norme et les gens paieront cher pour y ressembler ». Ajoutez un peu de pression de l’entourage, éventuellement quelques remarques désobligeantes de la part de la famille et il n’est pas étonnant que certaines perdent leur équilibre concernant leur apparence.

Quelques publicitaires commençent heureusement à prendre conscience qu’il faut miser sur la femme de tous les jours et ne pas la mettre systématiquement dans une seule petite case. Dove en a fait sa marque de fabrique (et sa stratégie publicitaire également) : « Les mannequins incarnent une vision étroite de ce qu’est la beauté. Dove estime que la beauté est à la portée de toutes, tous âges, morphologies, origines ethniques, couleurs de cheveux, types ou styles confondus. Aucun mannequin n’apparaît dans nos campagnes. »

Perception erronée de l’image

Même s’il est  normal et sain de se soucier de son apparence, n’y accordons pas une importance excessive. Certaines personnes souffrent  d’une “ perturbation de la perception de l’image corporelle ” (inquiétude pour une imperfection physique interférant avec le comportement social et professionnel) qui incite à se regarder sans arrêt dans le miroir, à se trouver laid et parfois à s’isoler socialement.

En y réfléchissant bien, on ne choisit pas ses amis en fonction de leur physique mais plutôt de leur moralité, leur personnalité et les valeurs qu’ils véhiculent à travers leur amitié.  C’est comme une magnifique couverture de livre, si le contenu est ennuyeux, on le mettra très vite de côté. Au contraire, s’il est passionnant, on le lira jusqu’au bout, peu importe l’extérieur qui n’aura alors aucune valeur.

Ma vision

Je trouve qu’être belle selon nos propres critères et choix est tellement plus valorisant que de vouloir ressembler à tout le monde. J’ai appris que mes petits défauts sont finalement ce que j’aime chez moi et que, s’ils ne sont pas aimés par les autres, tant pis.  Parce que la vraie femme ne ressemble pas à un mannequin de Victoria’s Secret, est-ce que le top du bien-être ne serait pas justement de revendiquer sa différence peu importe notre physique plutôt que de chercher à se fondre à tout prix dans la masse ?

Et si, à partir d’aujourd’hui, on cessait d’enrichir les chirurgiens esthétiques, l’industrie cosmétique et la presse féminime ? Tellement simple, et pourtant si compliqué … Comment savoir si on se fait belle parce qu’on se sent mieux ou si c’est sous la pression sociale ? Je pense que le bonheur se trouve au milieu des deux. A nous de décider sans remords quand porter le pull si confortable de notre homme et quand sortir avec les cheveux mal peignés. A nous de savoir si on se montre au naturel ou si on aime être maquillée.  La seule et unique personne à qui on doit d’abord plaire, c’est finalement soi-même. Alors Mesdames, écoutez attentivement cette petite voix qui vous dit que vous êtes belles …